LES FETES DU CENTENAIRE DE L’ALGERIE
 
 
Edmond LAHAYE
 
Chansonnier montmartrois, dessinateur, a composé de nombreuses chansons sur l'actualité dont celle-ci sur le voyage du Président de la République en Algérie.
 
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Ces jours derniers on embarqua
 
Allah chouïa barka
 
Le Président de la République
 
S’en allant en Afrique
 
Pour les fêtes du Centenaire,
 
Ah mon Dieu quelle affaire !
 
Il était escorté de trois cents députés.
 
Sur le bateau, oh !
 
L’roulis et l’tango
 
Mirent à l’épreuve les plus costauds.
 
Seul Gastounet, eh !
 
Etait à son aise et tout guilleret, ah mais !
 
Le Président , toujours souriant,
 
Dit comme c’est charmant c’voyage d’agrément.
 
J’suis enchanté d’cette’bonn’ traversée
 
Où j’ai plus tangué qu’au bal d’l’Elysée.
 
 
Puis à Alger on débarqua
 
Allah chouïa barka ;
 
Devant les colons aussitôt l’Président dit deux mots :
 
« Travaillez comm’ vos pères, car le travail libère,
 
Travaillez comm’naguère  travailla …. la moukère,
 
Travailla….bono.
 
Un grand Sidi dit
 
Missié Président je t’offre ce joli pur-sang.
 
Tu l’attelleras, s’pas,
 
Au char de l’Etat qui march’ra mieux comme ça.
 
Le Président toujours souriant
 
Dit Merci vraiment de votre présent.
 
Je suis charmé, j’vais l’faire empailler
 
Pour le transporter jusqu’à l’Elysée.
 
 
On arrive aux mines de Gafsa
 
Allah chouïa barka.
 
Devant tout l’phosphate qu’on extrait
 
Ah ! s’écrie Gastounet,
 
Un de mes anciens confrères, qui s’appelait Fallières,
 
Dut trouver dans cett’mine sa fameuse phosphatine.
 
Mais aussitôt, oh !
 
V’là qu’le directeur dit  Je vous offre de grand cœur
 
Un train complet, eh !
 
De superphosphate et de minerai, ah mais
 
Le Président toujours souriant
 
Dit merci vraiment de votre présent .
 
Je l’ferai placer sur ma cheminée
 
Quand je s’rai rentré seul à l’Elysée.
 
                                                                                                                     
 
Le cortège arrive à Biskra
 
Allah chouïa barka.
 
Là dans ce climat merveilleux
 
Tout pousse on ne peut mieux,
 
Des palmiers magnifiques donn’t des dattes …. historiques,
 
On dit même que l’chiendent donn’ trois récolt’s par an.
 
V’là qu’un arbi dit,
 
Sortant d’son gourbi avec deux chameaux assortis :
 
Mon Président, prends,
 
Si t’as des p’tits gosses ils s’en payeront une bosse.
 
Le Président toujours souriant
 
Dit merci vraiment de votre présent.
 
A l’Elysée, soit dit entre nous,
 
Quand j’les regarderai je penserai à vous.
 
 
Le cortèg’ s’enfonce dans l’Sahara,
 
Allah chouïa barka.
 
Un grand caïd les invit’ tous à manger le couscous.
 
Tous les parlementaires s’tapent le derrière par terre ;
 
N’y a que c’lui du Président qu’est confortablement.
 
Après l’repas, ah !
 
Aux jolies houris voici que Gastounet sourit.
 
L’amphitryon dit : emport’ je t’en prie
 
Cell’ que tu trouv’s jolie.
 
Le Président, d’un air mécontent
 
Refus’ carrément c’cadeau en disant
 
Ca va sans dire que si j’ai l’sourire
 
C’est qu’jamais ma foi j’n’ai eu d’femm’ chez moi.
 
 
Pour la France on s’réembarqua,
 
Allah chouïa barka.
 
Quand le bateau sortit du port
 
« Ah ça c’est un peu fort , dit un parlementaire,
 
Moi j’ai pas vu l’centenaire,
 
Avant notre arrivée, ils ont dû l’zigouiller ! »
 
Mais c’qu’on s’en fout, nous, c’qu’on s’est tapé l’chou
 
C’qu’on a pu boire ah ça c’est fou !
 
Nos colonies, oui, sont vraiment utiles
 
V’là mon avis, je l’dis.
 
Le Président , toujours souriant,
 
Dit comm’ c’est charmant, c’voyage d’agrément.
 
Quant au centenaire, n’y a pas à s’en faire,
 
Car s’il existait, sûr’ment  ça s’saurait !
 
 
 
                                                                       Mai 1930
 
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