LES PROBLÈMES BALKANIQUES ONT TOUS ÉTÉ ÉVOQUÉS
L'accord n'a pu se faire sur la navigation danubienne, le commerce avec l'Est européen et le retrait des forces russes de Bulgarie après la conclusion du traité de paix
Au cours de la réunion qu'ils ont tenue mardi en fin de matinée les ministres des affaires étrangères des quatre puissances s'étaient mis d'accord - ainsi que nous l'annoncions dans notre dernière édition - pour restituer la Transjordanie à la Roumanie. Cette province, on le sait, avait été attribuée à la Hongrie par " l'arbitrage de Vienne " en 1940. D'autre part, la Dobroudja méridionale, attribuée par le traité de Craïova de septembre 1940 à la Bulgarie, demeurera dans les frontières de ce pays. Sur les autres problèmes à l'ordre du jour de la séance - les clauses économiques du futur traité roumain, un contrôle international de la navigation sur le Danube, le contrôle par une commission interalliée de l'exécution des clauses du traité avec la Roumanie relatives aux criminels de guerre - l'accord n'avait pu se faire.Dans sa séance de la soirée, la conférence discuta les projets de traités relatifs à la Bulgarie, à la Hongrie et à la Finlande. Il fut décidé en principe que les frontières bulgares seraient les mêmes qu'en 1938. Aucun accord ne put être réalisé sur le retrait de Bulgarie des forces alliées (soit, soviétiques) ni sur le montant des réparations que ce pays devra payer à la Grèce et à la Yougoslavie.Le problème des réparations hongroises n'a pas non plus reçu de solution.Le traité avec la Finlande - que seules sont appelées à signer l'Union soviétique et la Grande-Bretagne - n'a pas fait l'objet de discussions. Les clauses en avaient été mises au point par les délégués adjoints. Le projet sera donc soumis directement à la conférence des " vingt et un " quand celle-ci se réunira.Fait intéressant, la conférence a décidé que deux problèmes - à la vérité secondaires - intéressant les futurs traités balkaniques seraient étudiés à nouveau par la conférence de paix de Paris : celui des frontières bulgares autres qu'avec la Roumanie, et le chiffre des réparations à payer par la Bulgarie à la Grèce et à la...
Le problème du Danube
Lorsque la conférence a abordé le problème du Danube - point qui constitue l'un des facteurs principaux de la politique européenne du président Truman - M. Byrnes proposa que la navigation sur ce fleuve, sur ses affluents et sur les canaux qui en dépendent, fût ouverte sur un pied d'absolue égalité aux citoyens, aux navires de commerce et aux marchandises de tous les États.
M. Molotov repoussa cette suggestion. Arguant du fait qu'" une seule puissance danubienne, l'U.R.S.S., se trouvait représentée au conseil des " Quatre ", il estimait que cette question ne devait pas être débattue actuellement. D'après lui, elle relève essentiellement des États danubiens eux-mêmes. Il proposa donc qu'une conférence spéciale fût convoquée à cet effet.
M. Bevin fit valoir que la liberté de navigation sur le Danube avait été formellement reconnue par les traités de 1919-1920. Si aucune mention n'en était faite dans les traites actuels, les Alliés paraîtraient renoncer à ce principe qui, de l'avis du secrétaire d'État au Foreign Office, constituait un progrès dans les rapports internationaux. Il proposa donc que le principe en figurât dans le traité roumain ; celui-ci porterait en outre qu'une conférence spéciale serait convoquée dans un délai de six mois après la signature du traité.
M. Molotov n'accepta pas cette solution.
La liberté du commerce avec les ex-satellites de l'Allemagne
Un nouveau désaccord se produisit lorsque MM. Byrnes et Bevin demandèrent que les nouveaux traités comprennent des clauses garantissant la liberté du commerce. M. Byrnes rappela que ce principe avait été adopté par les " Trois Grands " à leur réunion de Potsdam. MM. Byrnes et Bevin insistèrent pour que ce point de l'accord de Potsdam fût inscrit dans le traité roumain. M. Molotov fit alors valoir que Potsdam prévoyait des échanges de vues par voie diplomatique sur cette question et, contrairement à M. Byrnes, refusa de considérer que les délibérations du conseil des " Quatre " pouvaient remplacer lesdites voies diplomatiques.
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