Déjeuner du 15 septembre 1958
Hôtel de Matignon
Truites de rivière glacées
Andréa
Grenadins de veau
Mireille
Coeurs de laitue
Fromages de France
Poires à la Bourdaloue
Ils en ont parlé:
Suite à son investiture comme président du Conseil, le 1er juin 1958, c’est à ce titre que le général de Gaulle reçoit le chancelier allemand Konrad Adenauer dans sa maison familiale de la Boisserie (à Colombey-les-Deux-Églises), les 14 et 15 septembre 1958, afin « de donner à la rencontre, comme l’écrit le Général dans ses Mémoires, une marque exceptionnelle ».
Le chancelier Adenauer exprime le désir d’une « entente durable » et d’un rapprochement entre les deux pays et le général de Gaulle expose qu’il faut « tenter de renverser le cours de l’histoire, réconcilier les deux peuples, associer leurs efforts et capacités ».
En pratique, le cap est pris. Les deux hommes partagent désormais la même volonté de mettre en oeuvre le Traité de Rome entre les Six, mais aussi d’établir « dans tous les domaines des rapports directs et préférentiels ». Cette première rencontre permet donc de donner un relief nouveau au partenariat franco-allemand. Elle marque la réconciliation entre les deux pays et le début d’une coopération qui aboutira au Traité de l’Élysée, le 22 janvier 1963, et qui n’a jamais cessé depuis.
https://www.gouvernement.fr/partage/8721-14-et-15-septembre-1958-premiere-rencontre-entre-le-general-de-gaulle-et-le-chancelier-adenauer-qui-engage-la-reconcliation-et-la-cooperation-franco-allemande
Adenauer reçoit donc une invitation personnelle à se rendre à Colombey-les-deux-Eglises… Cette fois, il est impossible de refuser ; mais le Chancelier est loin d'être enthousiaste : « J'étais préoccupé, avouera-t-il, car je craignais que la façon de voir de De Gaulle ne fut si radicalement différente de la mienne qu'il nous serait à peu près impossible de nous entendre. » Et puis, Adenauer se rendra en France le 14 septembre 1958 comme représentant d'un pays vaincu, et il sait bien que treize ans seulement après la fin de la guerre, les rancœurs sont loin d'être apaisées. Il est vrai que même à Colombey, l'annonce de la visite d'un Allemand à la Boisserie a été plutôt mal reçue, par la maîtresse de maison comme par les servantes : « En tout cas, dira Yvonne de Gaulle, on ne change rien au menu ; et on mangera dans la vaisselle de tous les jours ». Protestation discrète : le chancelier allemand sera reçu « comme Monsieur n'importe qui, avec le menu de famille et le vin de Bordeaux habituel. »
K. Adenauer à la Boisserie, résidence privée du Général, 14 septembre 1958. © AFP
Mais des deux côtés du Rhin, les pessimistes en seront pour leurs frais : Adenauer, accueilli par le Général avec les plus grands égards, va découvrir durant ces deux jours de tête-à-tête à la Boisserie un homme, et surtout un dessein, qui le marqueront à jamais. L'ère de l'affrontement franco-allemand a définitivement vécu ; c'est au contraire l'entente, l'amitié et une étroite coopération politique entre les deux peuples qui permettront d'écarter la menace soviétique, d'assurer l'unification européenne et de sauvegarder la paix mondiale. Il y a lieu de s'opposer non au Marché Commun, mais seulement à la supranationalité dans laquelle on voudrait dissoudre les structures étatiques. De même, ce n'est pas l'alliance atlantique qu'il faut remettre en question, mais seulement sa domination par les Etats-Unis. Les Américains sont politiquement très jeunes, versatiles et bien peu fiables ; ils ne comprennent rien à l'Europe et à l'Histoire. Enfin, des contacts avec les pays européens actuellement sous domination communiste sont possibles, et même souhaitables. Mais plus rien de tout cela ne doit désormais se faire sans une étroite concertation franco-allemande. « Le plus important de notre entretien, notera Adenauer, c'était la révélation de l'harmonie de nos vues sur les réalités du moment. Nous étions d'accord sur toutes les grandes questions… J'étais heureux d'avoir trouvé un tout autre homme que ce que j'avais craint. » Ce qui a le plus touché le vieux chancelier ? La simplicité de l'accueil… « Vous m'avez traité comme si j'étais de la maison ! » dira en prenant congé un Konrad Adenauer ému jusqu'aux larmes. Quand la chance s'y met…
https://www.lumni.fr/article/de-gaulle-et-adenauer
Dès son retour à Matignon, de Gaulle, vivement satisfait, réunit son équipe économique et dit « c’est très clair, la France entre dans le Marché commun, donc abaissement des frontières, suppression des contingents, convertibilité du franc, équilibre du budget,... etc. ».
https://francearchives.fr/fr/pages_histoire/39661