Par le menu
200 menus d'Ovide aux auteurs contemporains, Michel Lemoine a collecté au fil des romans ces menus et nous livre à chaque fois son commentaire et quelques fois, une recette.
Extrait: "Moins gradé que l'évêque, moins violet que lui, menacé d'extinction depuis que le Concile a banni les titres et les honneurs, le chanoine jouit d'une vieille réputation de gourmet. Observons-le à la table de la pension de famille où il a son couvert mis:
Quenelles de brochet
Omelette au jambon
Poulet aux petits pois
Vin blanc sec
Café
Liqueurs
Jules Romains, Province
On le voit, la règle des trois plats, diktat de la cuisine bourgeoise, est bien respectée. La nourriture goûteuse procure la douce réplétion et conduit doucement les chanoines de province vers les bienheureuses digestions.
Mais il y a chanoine et chanoine.
Le chanoine honoraire est paré d'une distinction purement honorifique.
Le chanoine titulaire exerce une fonction auprès de l'évêque.
Le chanoine régulier vit comme un moine, et mange de même.
Au Moyen Age, les chanoines réguliers de Saint-Victor avaient à Paris une importante abbaye. Seule une plaque de rue, au pied de la Montagne Sainte Geneviève, en rappelle encore le souvenir. Leur table était seigneuriale:
Fricassée de poireaux au fromage
Pois cuits au lard de baleine
Seiches, anguilles, lamproies,
Saumons, brochets, truites Fritures
Crêpes, flans, gâteaux secs, oublies
Pommes, cerises
Fourier Bonnard, Histoire de l'abbaye de Saint-Victor