Le jour où Giscard et Le Reposoir se sont aimés
Le 27 mai 1978, Valéry Giscard d'Estaing fêtait ses 4 ans de mandat en jouant "Le temps des cerises" à l'accordéon au Reposoir.
Le début d'une longue histoire avec la commune dont il devient le bienfaiteur.
En verve, VGE avait aussi entonné ce jour-là "Etoile des Neiges" après qu'on lui eut glissé les paroles dans la main. Un moment de proximité conviviale qui tranchait : le président rentrait tout juste de New York où il avait vu Jimmy Carter.
Le Reposoir avait été choisi pour plusieurs raisons et notamment parce que ses habitants avaient "bien" voté lors de la présidentielle en 1974 avec 93 % des voix pour VGE. En réalité, la présidence cherchait un petit village de montagne, et c'est la préfecture de Haute-Savoie qui a répondu en premier.
C'est donc un peu le préfet Gerolami qu'il faut remercier pour toute la suite... Quant au jeune maire de l'époque élu en 1977, Jean-Pierre Jouenne, il n'a appris officiellement l'identité du visiteur prestigieux que le mardi précédant ce fameux samedi de mai 1978. « J'étais parti quelques jours en croisière et à mon retour, mon 1er adjoint Jean Missillier m'appelle à 5 heures du matin : "tu sais qui on reçoit ? Le président ! On te cherche partout !" Et en effet le matin, en me rendant au travail chez Mitchell, j'entends sur Europe 1 qu'on a perdu la trace du maire ! » Jean-Pierre Jouenne insiste pour que ce ne soit pas l'école hôtelière qui accueille le président, mais les habitants eux-mêmes. Ce sera au Chalet du Nord, à la bonne franquette. Tout le village se presse devant la mairie, des cadeaux sont échangés. Valery reçoit une tabatière en ronce de noyer sculptée par un artisan local, Anne-Aymone une étole en mohair. Le Carmel offre aussi des présents. On chante, on joue de l'accordéon et Valéry s'attarde.
« Il s'est mis en retard, l'aéroport de Genève était resté ouvert pour qu'il reparte. » C'est Robert Mermet qui redescendra même le couple présidentiel dans sa voiture jusqu'à Scionzier, l'hélicoptère officiel ayant préféré ne pas monter à cause de l'orage. C'est là que le conseiller général Jean-Louis Mivel, tout môme, serrera la main du président. « Je me souviens qu'il y avait un tapis rouge jusqu'à l'hélico, posé devant ce qui est l'entrepôt des Scouts face à la gendarmerie. »
Cerfs : Giscard repeuple le massif
À l'origine, Giscard d'Estaing avait promis d'offrir trois cerfs aux chasseurs de la commune. Mais son beau-frère, conservateur du domaine de Chambord, passe un coup de fil en mai 1979 au maire Jean-Pierre Jouenne et le prévient d'une "surprise". « Le lendemain soir dans le camion il y avait 11 caisses ! Cinq mâles et six femelles prêtes à mettre bas. On a levé la porte, et ils sont tous partis d'un coup ! » Autant dire que les cerfs et autres bêtes chassées aujourd'hui sur le massif et alentours ont toutes les chances d'être des descendants de ceux de Chambord.
Pas tout à fait 100 % cependant : il y avait eu un lâcher déjà, dans les années soixante-dix, des cerfs venus des pays de l'Est. Grand chasseur lui-même, le président devait revenir chasser au Reposoir. Cela fut tenté par trois fois, mais jamais l'agenda n'a joué le jeu et permis que cela se fasse.DAVID GOSSART
http://www.lemessager.fr/Actualite/Faucigny/2012/05/07/article_le_jour_ou_giscard_et_le_reposoir_se_son.shtml