1908. Edouard Nignon achète le restaurant Larue à Paris
C’est en cette année 1908 que le célèbre Edouard Nignon est devenu propriétaire du restaurant Larue, le plus élégant de Paris, place de la Madeleine.
Parmi ses clients, le marquis de Rougé, gourmet éminent, lui dit un jour : « Je veux un canard au sang. Qu’il soit cuit rosé, Monsieur ! Vous taillerez les filets en aiguillettes ; vous jetterez sur le tout un peu de sel et de poivre ; vous presserez la carcasse, vous arroserez dévotement les filets avec l’essence même de l’oiseau ; vous me servirez le mets tel quel, bien chaud. Vous placerez près de moi une bouteille de Musigny 1884 et vous me laisserez communier seul. »
Sacha Guitry, qui le connaissait bien, écrivit plus tard la préface d’un de ses nombreux ouvrages, toujours consultés avec profit. Il l’a décrit ainsi : « Cet homme aura passé les deux tiers de sa vie ou tout en noir ou tout en blanc. Chef cuisinier du Tsar de Russie puis de l’Empereur d’Autriche, il a porté pendant vingt ans le blanc costume et cet bonnet monté en forme de brioche dont la propreté tranquillise et qu’on aime apercevoir entre deux portes. A quarante ans, il a troqué son habit blanc contre le frac, et de quarante à soixante ans, il a vécu en habit noir. Allant de table en table, conseillant une sole, proposant un perdreau, suggérant un dessert, surveillant tout, salant ceci, sucrant cela, il peut dire qu’il eut Tout Paris à sa table. »
Nignon avait débuté en 1875 au restaurant Monier à Nantes, sa ville natale. Cinq ans plus tard, il arrivait à Paris chez Potel et Chabot. Ensuite, « La Maison Dorée », le grand restaurant du Boulevard de la Belle Epoque, puis « Le Café de Paris ».
Il travailla aussi chez Noël Peters, où fut créée la recette du homard à l’Américaine.
Il voyagea. Vienne, Londres, puis Moscou où il dirigea 120 toques blanches.
Il se retira en 1921 dans sa Bretagne natale, laissant le souvenir d’une des grandes figures de la gastronomie française.
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