Banquet du 23 avril 1897
offert par la Ville des Sables d'Olonne
à
Monsieur Félix Faure
16 cm x 26,8 cm
Hôtel du Casino Servi par Charvin
Extraits article dans Le Temps
"Les affriolantes Sablaises ont été la joie de la journée. On les a vues partout, même dans la cour de l'hôpital, même au banquet, et avec un plaisir jamais lassé on retrouvait ces belles créatures toujours riantes, toujours en mouvement, faisant sonner comme un appel le talon pointu de leurs petits sabots ou faisant rouler de capiteuse façon leur taille souple dans leurs courts jupons de laine rouge. ...
...le président est attendu dans le faubourg de Chaume, le quartier des pêcheurs. Là, nouvelle remise de bouquets par les Chaumoises, nouvelles présentation de vieux ouvriers, d'antiques mathurins à la face extraordinairement culottée. Une mention spéciale est due au père Peinard, un presque centenaire, le dernier survivant des matelots français qui participèrent au combat de Navarin. Le "spectre de Navarin", dit quelqu'un au ministre de l'Intérieur. Le vieillard, affalé sur une chaise, est interrogé par le Président qui, en vain, essaye de tirer de lui quelques renseignements. Le père Peinard, originaire de l'île Dieu, est âgé aujourd'hui de quatre-vingt-onze ans; il était embarqué, en 1827, comme matelot sur le "Dragon"; il voudrait bien faire le récit de la bataille de Navarin, mais les souvenirs se heurtent incohérents: il confond les Anglais, les Russes, les Grecs, Les Turcs et Navarin avec d'autres combats auxquels il assista. On avait fait espérer au dernier survivant de Navarin la médaille militaire, et c'est un gros chagrin pour lui de ne pas recevoir la décoration qu'il eût bien peu de temps portée.
Le banquet.
Au banquet, le maire a fait l'exposé traditionnel des desiderata de la ville.
Il réclame la suppression du filet à crevettes pour faciliter la reproduction du poisson, une ligne téléphonique de Paris aux Sables, une caserne à la Fudelière pour recevoir un quatrième bataillon, le réfection du port, de l'hôpital, etc,...
M. Félix Faure déclare que les ministres prendront certainement ces voeux en considération;...."
...A neuf heures, le Président de la République quitte les Sables-d'Olonne et remonte à bord du "Dupuy-de-Loôme d'où il voit la fête vénitienne.
Extraits article dans Le Figaro
"Le quadrille fini, Mlle Alexandrine Bougis, à qui M. Barthou décerna, dans un récent voyage, le prix de beauté, se dirige vers le Président. Elle lui offre une gerbe de fleurs et lui adresse un gentil compliment. M. Félix Faure, au lieu de l'embrasser, lui fait cette recommandation"Votre costume est très joli, vous avez raison de continuer à le porter, mais il faudrait user de votre influence pour engager tous les jeunes gens à faire comme vous. Il y en a trop parmi eux qui s'habillent à la parisienne."
Le banquet
A sept heures, banquet au Casino. Parmi les convives: l'amiral Prouhet, préfet maritime de Rochefort; M. de Joly, préfet de Vendée, et le représentant du département, M. Mayeux, le "roi des Sables", celui qui a organisé la très agréable fête vendéenne. Au dessert, le représentant de la cité, M. Gautret, pour suivre l'exemple donné par les maires, qu'a entendus précédemment M. Félix Faure, demande les nombreuses choses dont ont besoin les Sablais, entre autres: une caserne et le téléphone....
...Alors, il passe dans un salon où l'attendent de nouveau les Sablaises. Les malheureuses sont là depuis le commencement du dîner!
Elles lui offrent des fleurs, elles lui récitent des alexandrins enthousiastes. Il ne les embrasse même pas! Jadis, il embrassait. Que s'est-il donc passé pour que nous ayons maintenant un Président si reservé? Il parle tout le temps de la France, et dés qu'apparaît une femme il cesse d'être français. Le ministère, qui a l'honneur de compter parmi ses membres M. Barthou, ferait bien de veiller à cela: M. Barthou, lui a embrassé Alexandrine Bougis. Peut être le Président ne pense-t-il qu'au "Dupuy-de-Lôme". (Article de Charles Chinchollle)