Georges Pompidou, un gourmet à l'Elysée
Avec Georges Pompidou c’est un gourmet qui entre à l’Elysée et, très vite, sa table va être considérée comme « l’une des trois bonnes tables officielles de Paris, avec celles de l’ambassade britannique – au temps où y régnait le bon vivant de Soames, gendre de Churchill – et e l’ambassade de Chine » Aux commandes : Marcel Le Servot dont Pompidou a apprécié le savoir-faire à Matignon et qui va le suivre à l’Elysée. Il sera de tous les grands déplacements, en particulier à Moscou et à Pékin, où il préparait de somptueux dîner à l’ambassade de France. Le président traitait Le Servot comme un véritable collaborateur et il examinait huit jours à l’avance, avec Claude, son épouse les menus proposés par son chef et il barrait les plats qui ne lui plaisaient pas.
Pompidou était certes gourmand mais aussi gourmet. Friand de cuisine régionale, dans l’intimité le pot-au-feu, la potée nivernaise, le baron d’agneau avec sa jardinière de légumes figuraient à sa table. L’Auvergnat ne reniait pas ses origines. Il rêvait, dit-on, de révéler à ses hôtes nos grands plats de province : cassoulet, choucroute, blanquette de veau, haricot de mouton mais son audace, contrairement au mobilier et au décor art moderne de ses appartements, il s’en tint à la cuisine traditionnelle : suprême de turbot à la béarnaise, selle d’agneau, poularde farcie, foie gras des Landes, soufflé glacé ou nougatine. Seule innovation, à la demande des sénateurs de la Martinique, l’introduction du punch antillais au buffet des réceptions de l’Elysée.
« Mais, comme le Général de Gaulle, Pompidou ne s’attarde pas à table. Et seul, ou avec quelques collaborateurs, il déjeune souvent d’une grillade sur le coin du bureau au milieu des dossiers. » Les Pompidou ne se plaisent guère à l’Elysée et dès qu’ils le peuvent ils s’en échappent pour gagner leur appartement du quai de Béthune, leur villa d’Orvilliers aux week-ends, et ils font de fréquents séjours à Cajarc.
Comme pour le Général je compléter ce petit tableau par quelques anecdotes sur Georges Pompidou et le vin tirées du livre de Corinne Lefort et Karine Valentin Grand Palais : « Après avoir été professeur de lettres au lycée Henri IV à Paris, puis chargé de mission au cabinet du Général de Gaulle, il entre en 1953 à la banque Rothschild. Il fréquenta alors les grands restaurants de la capitale et déguste en connaisseur les plus grands vins des propriétés bordelaises que possèdent les célèbres banquiers et leurs cousins : Lafite-Rothschild, Duhart-Milon, Mouton-Baronne-Philippe, Clarke etc. Mais au fur et à mesure des opportunités gastronomiques, Georges Pompidou accorde sa préférence à un Cru Bourgeois de Moulis, et plus précisément au vin du Château Poujeaux qui ne figure pas dans le patrimoine viticole de ses employeurs. C'est là tout le mérite de Georges Pompidou, que de se fier à ses propres goûts sans idées préconçues.
Que lui soit servi dans l'au-delà un festin semblable à celui qu'il fit composer pour le dîner en l'honneur fr la reine des Pays-Bas au palais du Grand Trianon le 19 juin 1972 : foie gras du Quercy, homard à l'armoricaine, selle d'agneau aux girolles, jardinière de légumes, coeurs de laitue, fromages, fraises glacées Trianon. Il en choisit personnellement les vins : Château La Tour Blanche 1955, Puligny-Montrachet 1969, Château Haut-Brion 1964, Laurent Perrier Grand Siècle.»
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